| < Chapitre précédent |
Epilogue
|
 |
 enaelar s'éveilla en sursaut. Ce rêve qu'il venait de faire, il l'attendait depuis des mois !
Il se leva et commença à enfiler son armure de combat, chaque pièce s'accrochant profondément dans ses chairs. Puis il se dirigea vers un coffre décoré de feuilles de velium et en sortit Windblade, la hache que lui avait offert Innoruuk, le dieu de la haine, son maître. L'arme luisait d'une aura maléfique et Lorine poussa un gémissement dans son sommeil. L'elfe noir s'approcha du lit et caressa le front de la guerrière endormie. "Adieu douce Lorine, n'oublies jamais" Il déposa un baiser sur les lèvres de l'humaine et sortit… Utanlain l'attendait dans l'autre pièce, une coupe de vin à la main. Le jeune shadowknight semblait tendu. Uenaelar s'approcha de lui et prit son épaule. "C'est l'heure mon frère, tu sais ce que tu as à faire. Protège-la comme ta vie. Elle ne dois pas savoir" Uenaelar ouvrit la porte et se dirigea vers le temple d'Innoruuk. Les rues de Nériak étaient en effervescence. Visiblement, il n'était pas le seul à avoir reçu le rêve. Les prêtres mineurs s'inclinèrent sur son passage. Il entra dans la grande salle du temple où trônait une immense statue de son dieu. Au milieu de la salle, un portail venait de s'ouvrir. Il s'approcha de la porte de lumière et distingua au travers une étendue froide et glacée, recouverte de neige. Il prononça quelques incantations et Shadows apparu. Le grand destrier noir dégageait une puissance maléfique, accentuée par l'éclat rouge de ses yeux. L'elfe noir s'installa sur la selle, puis éperonna sa monture. Ils disparurent à travers le portail qui se referma derrière eux…   indl Talonstrike posa son casque sur la grande table de chêne. Son titre de chef de la guilde des guerriers lui donnait le droit de participer au grand conseil de Kelethin. Autour de la table, se tenaient Sarialiyn Tranquilsong de la guilde des bardes, Aliafya Mistrunner des druides et Maesyn Trueshot, chef des rangers de Kelethin. Aliafya prit la parole et informa les membres du conseil sur l'état des réserves de nourriture, sur l'avancement de l'entraînement des nouvelles recrues et sur toutes les choses que le conseil devait gérer. Toutes ces questions étant réglées, il aborda un sujet qui le préoccupait depuis plusieurs jours…
"Les anciens m'ont fait part d'une chose étrange. Depuis quelques temps, ils éprouvent une étrange sensation, comme si quelque chose n'allait pas. Leurs prières vers Karana et Tunare n'ont données aucun résultat, comme si nos déesses ne voulaient pas répondre." Maesyn prit la parole… "Etrange… Depuis plusieurs jours, la forêt semble bizarre aussi, comme si elle ressentait des choses que nous ne pouvons percevoir. J'ai envoyé des éclaireurs espionner les orcs de Crushbone qui ne sont pas encore revenus. J'attend de leurs nouvelles au plus tôt, mais en attendant, je propose que Kelethin soit sur ses gardes." Sindl se leva pour parler… "Je vais renforcer les patrouilles dans Faydark et doubler la garde dans Kelethin et aux abords de Crushbone. Nous allons dépêcher une petite expédition dans Crushbone pour voir ce qu'il en est exactement" Le conseil se poursuivit pendant une heure encore, et les elfes des bois quittèrent la salle du conseil. Sarialiyn Tranquilsong regagna sa guilde en silence. Il n'avait pas cru utile de prendre la parole pendant le conseil, pourtant ce rêve le hantait depuis plusieurs jours. Un rêve où il se voyait combattre des ennemis au milieu d'une forêt en flammes. Il chassa le souvenir du rêve de son esprit et se remit au travail sur les derniers chants ramenés des Plans découverts récemment…   rarkham maudissait le soleil…
La nuit dernière avait été mouvementée. Ils avaient arrosé la promotion d'un officier de la garde et la bière avait coulé dans bien des gosiers. La soirée s'était terminée en une gigantesque bagarre, Ararkham avait été attrapé par la milice et son supérieur l'avait affecté à la garde des portes de Kaladim pendant une semaine. Il était maintenant au garde à vous, en plein soleil, et il devait avoir perdu la moitié de son poids en sueur ! Son collègue de garde s'appelait Kurgan, c'était un jeune Nain d'à peine 50 ans, très remuant, et surtout très bavard. Il ne cessait de raconter sa vie à Ararkham depuis deux heures, ce qui avait ajouté à la chaleur du soleil un épouvantable mal de tête. Perdu dans ses pensées, bercé par le flot incessant des paroles de Kurgan, Ararkham était presque sur le point de s'endormir quand le cri de celui-ci le fit sursauter... "Regarde !" Ararkham regarda dans la direction montrée par Kurgan. Une petite silhouette se découpait sur la crête d'une des collines proches. C'était un humanoïde de petite taille, certainement un nain, mais sa démarche était saccadée. La silhouette commença à descendre, trébucha et roula au bas de la colline. Ararkham commanda à Kurgan de rester à son poste et couru porter secours au nain. Arrivé près de celui-ci, il reconnu Crytil Dunfire, une des marchandes du port situé à l'est de Kaladim. Transpercée de plusieurs flèches à l'empennage noir, la naine était en train d'agoniser. Ararkham du approcher l'oreille de la bouche de Crytil pour entendre son murmure… "Les Trolls, les Ogres… Le port… Des milliers de Trolls…Tous morts…" La naine venait de succomber dans les bras d'Ararkham. Il abandonna le cadavre et grimpa sur la colline. Son mal de tête s'estompa quand il aperçu une épaisse fumée noire monter de l'est. Alors qu'il descendait la colline au pas de course vers Kaladim, il se prit à penser qu'il n'avait plus chaud. Il entra en trombe dans Kaladim et fit sonner l'alerte, puis il s'enfonça dans les profondeurs de la citadelle alors que derrière lui, résonnaient les trompes et les cris…   alirilan Zarinokosalio était en train d'étudier un mécanisme trouvé sur le plan de l'innovation quand son assistant fit irruption dans son bureau. Celui-ci était si rouge et si excité que Xalirilan du lui lancer un sort de calme…
Il débouchèrent à l'air libre et Xalirilan poussa un hurlement ou se mêlaient plaisir, surprise et envie. L'immense dragon était là, ses ailes battaient doucement, soulevant régulièrement des volutes de poussière. Ses yeux brillaient d'une douce lumière verte alors que le soleil se reflétait sur les plaques de métal argentées qui constituaient ses écailles. Un grondement sourd produit par des milliers de roues et de tiges provenait de l'intérieur de son corps. De temps en temps, une petite flamme sortait de sa bouche… Des centaines de gnomes étaient déjà à l'œuvre. Ils mesuraient le dragon, le dessinaient, étudiaient l'articulation de tel ou tel membre. Les plus hardis avaient déjà sorti leurs outils et ils entreprenaient de soulever une écaille dans l'espoir d'y découvrir une nouvelle merveille. Des portails s'ouvraient ça et là, vomissant tous les gnomes qui se trouvaient quelques instants plus tôt au fin fond de Norrath. Xalirilan commença à former les équipes. Il fallait organiser le travail, il fallait prendre des mesures, faire des plans, créer des commissions en vue de déterminer la procédure à suivre pour le démontage des plaques, former un groupe de travail pour l'étude des dragons mécaniques, et bien d'autres choses encore. L'étude de ce dragon allait prendre des mois, voire des années. Xalirilan sortit ses outils en riant et se précipita sur le dragon…   ady Serilaya était furieuse…
Il y a une semaine, elle avait demandé à être reçue par le conseil de Felwithe. Pendant deux heures, elle avait exposé aux autorités de Felwithe ses craintes concernant l'activité fébrile qu'elle avait constaté aux abords de Mistmoor. Maudits soient ces hauts elfes qui n'avaient pas pris au sérieux son rapport ! Ils avaient jugé très "alarmistes" ses propos et lui avaient conseillé d'investiguer plus avant. Les fous ! Depuis plus de quatre jours, elle observait le col montagneux qui menait au château. La surveillance du col par les gardes de Mistmoor était telle qu'il était impossible de pousser plus avant. Un de ses éclaireurs avait tenté de pénétrer de nuit dans le col, il n'était jamais revenu. Elle entendit un léger craquement sur sa gauche. Elle resserra la main sur la garde de son épée et se prépara à accueillir l'intrus. Celui-ci avait fière allure dans son armure dorée. Enfin, il aurait eu fière allure si son armure avait été propre. Qaddar, le paladin en disgrâce s'adressa tout bas à Lady Serilaya… "Je crois que ça se précise, regardez !" Serilaya tourna son regard vers la montagne et vit arriver les premiers elfes noirs. Ils avancèrent dans Faydark, survolés par des gargouilles de granite. La suite de l'armée fit lever le cœur de la paladine. Des dizaines de morts-vivants suivaient les elfes noirs. Il y avait des zombies, des squelettes, des goules. Les larmes de Serilaya coulèrent quand elle aperçu la tunique de son éclaireur au milieu de l'immonde troupe. Il y avait là plus de mille soldats qui se mirent en route vers le nord, en direction du haut-Faydark… "Ils nous ont vu !" En effet, plusieurs morts-vivants se dirigeaient vers les paladins. Qaddar sortit son épée en criant… "Fuyez dame Seri, je vais donner ma vie pour vous !" "Arrêtez de faire l'idiot Qaddar, nous avons largement le temps de fuir. Venez." Tous les membres du groupe se rassemblèrent à coté du druide qui avait commencé à lancer son sort de portail. Avant de disparaître dans un éclair bleuté, Qaddar laissa tomber son épée… "Et merde ! Non ! Atte…" Les morts-vivants arrivèrent sur le plateau rocheux. Ils ne trouvèrent rien, excepté une épée d'assez bonne facture qui leur brûla la main quand ils tentèrent de la ramasser…  e groupe d'exploration progressait lentement…
S'introduire dans Crushbone n'avait pas été chose facile. Dirigé par Cirth, un vieux druide expérimenté, les elfes des bois s'étaient rendus invisibles pour passer les gardes de l'entrée. Leur mission consistait à évaluer les forces actuelles des orcs et à rendre compte au conseil de Kelethin. Composé de druides et de rangers, le groupe avait pour consigne d'observer la plus grande discrétion. Aldriana s'approcha de Cirth… "Regarde ! Ils ont mis des légionnaires à l'entrée ?" En effet, l'entrée de la forteresse orc habituellement gardée par de "petit orcs" était à présent quadrillée par de puissants légionnaires vétérans. Les orcs paraissaient nerveux, aux aguets comme s'ils attendaient quelque chose. Cirth décida de pousser plus avant la reconnaissance et le groupe s'enfonça dans la forteresse… Arrivés près du château de l'empereur orc, ils découvrirent un spectacle qui les glaça de peur. Des elfes noirs ! Des dizaines d'elfes noirs patrouillaient aux abords du château. Si l'on en jugeait par les tentes et les feux allumés autour du château, une véritable armée d'elfes noirs était cantonnée dans Crushbone ! Cirth s'approcha de Dlrofwood… "Nous devons partir, il faut absolument que le conseil… ATTENTION !!" L'avertissement vint trop tard et la boule de feu explosa au beau milieu du groupe. Cirth fut projeté en l'air et alla finir sa chute dans les douves du château ou le noir l'englouti… Aldriana avait eu le temps de se jeter au sol avant l'explosion. Profitant de la confusion générale, elle avait jeté un sort de camouflage et avait pu se glisser dans les douves. Elle n'oublierait jamais la vision des corps déchiquetés de ses camarades. Beaucoup plus tard, quand elle fut sure que plus personne n'était à sa recherche, elle décida de tenter de s'échapper. C'est alors qu'elle aperçu un corps sur sa droite… Cirth ! Le druide avait flotté dans les douves jusqu'à elle. Par miracle, il était encore vivant, quoique très mal en point. Le corps recouvert de brûlures; un bras et plusieurs côtes cassés, il était à moitié mort. Tentant le tout pour le tout, Aldriana lança un sort de portail. Elle disparu dans le portail, emportant le corps de Cirth, alors que les flèches sifflaient autour d'elle…  'alerte était donnée dans tout Kelethin. Des centaines de guerriers elfes préparaient leurs armes. Les nouvelles étaient mauvaises, les orcs attaquaient !! Les tambours de Crushbone résonnaient depuis une heure, plusieurs accrochages avaient eu lieu aux abords de la forteresse. Debout devant une carte de Faydark, Sindl Talonstrike exposait la situation au grand conseil de Kelethin…
"L'attaque des orcs est imminente. Le groupe que nous avions envoyé a subi de lourdes pertes, Cirth est à l'article de la mort, il a bu plus d'eau en une heure qu'il n'en avait bu en toute une vie. Je ne sais pas s'il s'en remettra. Toutefois, l'information qu'ils ont pu ramener est vitale. Je peux vous affirmer qu'une armée de Drows se trouve actuellement dans Crushbone, prête à fondre sur Kelethin. De plus, des éclaireurs nous ont signalé une importante force de morts-vivants et d'elfes noirs venant de Mistmoor et se dirigeant vers le haut Faydark. Je suis sur que c'est une action coordonnée qui a pour but l'attaque de Kelethin !" Sarialiyn Tranquilsong prit la parole… "Nous devons demander l'aide des Hauts Elfes et des Nains ! Ils nous aiderons, leurs cités sont aussi en danger ! Je propose d'envoyer immédiatement des émissaires et…" Sindl leva la main pour interrompre la barde… "Les émissaires sont partis depuis une heure, en attendant, nous devons organiser la défense de notre cité." Deux heures plus tard, alors que le conseil se tenait encore, les portes de la salle s'ouvrirent et on annonça l'arrivée d'un émissaire de Kaladim. Un guerrier nain entrant dans la pièce, son armure était ternie par de longues heures de voyage, la fatigue pouvait se lire sur son visage. Sindl se demanda comment il avait pu arriver si vite à Kelethin. Le nain s'agenouilla devant le conseil et prit la parole… "Je suis Ararkham, messager de Kazon Stormhammer, roi de Kaladim. Je suis porteur d'une missive pour le conseil de Kelethin. Notre cité est en danger, des hordes de trolls et d'ogres nous assiègent, les morts-vivants d'Unrest se sont alliés à nos ennemis. Le peuple nain demande l'aide de ses amis elfes des bois pour repousser les hordes maléfiques" Le silence se fit dans la salle du conseil. Sindl regarda Maesyn Trueshot dont le visage avait perdu toute couleur. Aliafya s'était assise, ses jambes ne la soutenaient plus... "Que Tunare nous protège !"  a bataille durait depuis cinq jours. Dans la grande salle du conseil de Kelethin, Sindl Talonstrike rendait compte de la situation…
"Au nord, les légions orcs sont sorties de Crushbone et se sont déversées dans Faydark. Stoppés par nos rangers, les orcs ont battu en retraite dans les collines et ont entreprit d'abattre les arbres de la forêt. Aidés par les elfes noirs, ils construisent des machines de guerre. Venant des montagnes de l'ouest, une colonne de morts-vivants dévaste tout sur son passage. Les goules, les zombies et les squelettes traquent la moindre étincelle de vie dans la forêt et avancent inexorablement vers Kelethin. Nos druides et nos bardes tentent de les retarder le plus possible, mais ils arriveront en vue de Kelethin demain. La situation au sud n'est guère plus brillante. Des spectres et des gargouilles assiégent Felwithe. Les hauts elfes n'ont rien à craindre pour leur cité, mais la présence des morts-vivants devant leur ville les empêche de venir nous aider. Menées par le général Serilaya, les forces de Felwithe font des ravages dans les rangs de nos ennemis, mais ceux-ci semblent recevoir plus de renforts chaque jour. Les elfes noirs de Mistmoore ont envahi le sud de la forêt. Les spires de téléportation ont été détruites, leur matière servant à élever des chapelles impies dédiées à Innoruuk. Nous avons perdu plus de mille trois cent hommes hier en essayant de reprendre les spires. Les soldats qui tombaient sous les coups de l'ennemi se relevaient pour affronter leurs frères. Nous avons du battre en retraite, mais les elfes noirs ont subis eux aussi de lourdes pertes. Nous n'avons aucune nouvelle de Kaladim, les gnomes d'Akanon sont étrangement silencieux et les hauts elfes ne peuvent nous aider. Nous devons affronter nos ennemis sur trois fronts différents. La situation est plus que préoccupante…" Le barde Jonili prit la parole… "Il nous reste l'accès aux plans" "Les livres de pierre ne fonctionnent plus, le patch devait durer six heures, mais ils sont hors service depuis cinq jours ! La peste soit des grands concepteurs !!" Après la fin du conseil, Jonili regagna la maison de Perlu. A peine entré dans la hutte, une jeune elfe lui sauta dans les bras… "Tonton Jonili, chante encore comme la dernière fois, j'adore la pluie !" Jonili regarda la jeune elfe avec douceur. Depuis des années, il avait vu grandir la fille de Perlu. Celle-ci était à présent dans sa cinquantième année, à l'aube de sa vie. La jeune elfe était revêtue d'une fine cotte de mailles. Une épée courte et une dague pendaient à sa ceinture. Le regard de Jonili s'assombrit… Si jeune et déjà prête à la guerre… "Livia, tu as fière allure" Ils passèrent la soirée à commenter les évènements de ces derniers jours. Plus tard dans la nuit, Jonili alluma une pipe et s'installa dans un des fauteuils, près du feu. De sombres pensées l'empêchaient de dormir. Pour la première fois de son existence, le vieux barde avait peur pour son peuple. Son regard se posa sur le carquois de Perlu posé contre le mur. Il l'examina et sortit la seule flèche dont l'empennage était noir. Elle était merveilleusement équilibrée, légère… "Cette flèche est dans notre famille depuis l'aube des temps Jonili. On raconte qu'elle fut fabriquée par Tunare elle-même. C'est certainement une légende, mais je la conserve comme un porte-bonheur" Perlu remit la flèche dans le carquois… "Bonne nuit mon frère, puisse Tunare guider tes rêves cette nuit"…  e lendemain, Jonili partit inspecter les avant-postes. Malgré la détermination de l'ennemi, les elfes des bois tenaient bon. La connaissance de la forêt leur permettait d'exploiter le terrain à leur avantage, face aux morts-vivants et aux elfes noirs plus habitués au combat à découvert. Les druides créaient des barrières végétales devant les ennemis pendant que les rangers les arrosaient d'une pluie de flèches mortelle. Les guerriers elfes des bois, plus agiles et rapides que les morts-vivants, semaient la mort dans les rangs ennemis. L'ennemi cessa enfin de progresser, les assaillants semblaient avoir marqué le pas et la fin de la matinée ne vit plus que quelques accrochages mineurs.
Vers midi, l'atmosphère changea. L'air devint si lourd qu'on aurait pu le toucher. La sensation d'oppression se mua en une peur froide quand des ombres gigantesques survolèrent Faydark. Des centaines de combattants ressentirent la terreur les envahir. Certains lâchaient leurs armes et s'effondraient en pleurant, d'autres prenaient la fuite au hasard dans les bois. Jonili vit passer les dragons. Une vingtaine de dragons noirs et verts, chevauchés par des elfes en armures sombres, se dirigeant vers Kelethin. La cité des elfes des bois n'était pas préparée pour une telle attaque, la majorité de ses défenseurs étant occupée à combattre sur les différents fronts. Les dragons brisèrent facilement les défenses magiques de la cité et fondirent sur Kelethin qui fut baignée dans une pluie de feu et d'acide. Les grands arbres centenaires s'embrasaient comme des torches. En quelques minutes, la majestueuse citée sylvestre fut réduite en un gigantesque brasier. Quand Jonili arriva sur les lieux, il découvrit un spectacle de chaos. Kelethin était en train d'agoniser. Les maisons, n'étant plus soutenues par les plates-formes brûlées, s'écrasaient sur le sol ou elles explosaient, telles d'énormes boules de feu. Les dragons s'étaient dispersés dans la forêt, semant la terreur et brûlant tout sur leur passage... Comme dans un cauchemar, Jonili marchait au milieu des décombres, essayant d'aider les survivants à l'aide de ses chants de guérison. "Jonili !" Le barde se retourna et aperçut Perlu adossé contre un arbre. Celui-ci était assez sérieusement brûlé, mais il survivrait à ses blessures. Le druide agrippa le bras de Jonili. "Tu dois retrouver Livia, je l'ai vue s'enfuir dans la forêt avant que les dragons n'arrivent !" Jonili se releva et entama un chant de détection. Oui, Livia était vivante et elle s'était enfuie en direction de Felwithe. "Il est avec eux Jonili, je l'ai vu… Ton ami est avec eux et il chevauche un des dragons… Il est avec eux… Qu'il soit mille fois maudit pour tout ça !" Le barde s'était relevé, il sortit un ukulélé et joua une mélodie de vitesse. Il devait retrouver Livia. Il s'enfonça dans la forêt, en direction de Felwithe…  enaelar dirigea son dragon vers Felwithe. Il devait rencontrer le seigneur Vador, le nécromant qui contrôlait les troupes de morts-vivants stationnées devant la ville. Il se posa dans une clairière et renvoya le dragon. L'elfe noir exultait, le plan avait fonctionné parfaitement et Kelethin était détruite. Les elfes des bois mettraient des années à se remettre de cette défaite. Il sortit le collier de pierres bleues et ses pensées volèrent vers Nolénia.
"C'est fini Nolénia…" Le rire du shadowknight retentit dans la clairière. "C'est un peu tôt pour rire de ta victoire, non ?" Uenaelar se tourna vers le nouveau venu. Le haut elfe était vêtu d'une armure de métal clinquante, il dégageait une sorte d'aura lumineuse. Curieusement, l'épée de bronze qu'il portait s'accordait mal avec la richesse de son équipement. C'était sans nul doute le paladin le plus mal habillé de tout Norrath. "Ce cher Qaddar… Je vois que tu as enfin trouvé une arme à ta mesure… Voyons si tu la manies aussi mal que tes jeux de mots" Les deux chevaliers chargèrent. Le choc de la windblade contre l'épée de bronze fut terrible et résonna dans la clairière. Se servant de sa hache comme d'un bouclier, Uenaelar assena un terrible coup qui envoya le paladin rouler dans l'herbe. Celui-ci se releva et lança un sort sur le shadowknight qui chargeait à nouveau. Aveuglé pour un court moment, Uenaelar recula, laissant au paladin le temps de se relever… Les deux combattants reprirent leur souffle quelques secondes, chacun cherchant une faille dans la défense de l'adversaire. Qaddar chargea à nouveau et son adversaire commença une incantation. L'épée du paladin s'abattit sur du vide, Uenaelar avait disparu ! Qaddar s'aperçut que son adversaire était de l'autre coté de la clairière et qu'il préparait un nouveau sort, il chargea à nouveau pour essayer de l'interrompre. Le sort fit effet alors que le paladin n'était plus qu'à quelques mètres du shadowknight. Il sentit un froid glacial l'envahir. Il tenta d'esquiver le coup porté par Uenaelar, mais il fut trop lent et son épée lui fut arrachée des mains. Le toucher mortel du shadowknight le frappa de plein fouet, il recula en chancelant. Il vit la windblade d'Uenaelar tournoyer vers lui, il y eut un grand éclair blanc et la lumière s'éteignit…  "Je ne vous ai pas autorisé à tuer mon aide de camp, Sir..." Uenaelar regardât celle dont la lame venait de dévier sa hache. L'armure de combat qu'elle portait était finement ciselée, marque d'une rare élégance. Son épée portait des runes dont l'éclat vif illuminait la lame d'une lueur blanche. Les yeux bleus qui le fixaient étaient un mélange de douceur et de force. Uenaelar sentait ce regard fouiller son âme. "Dame Serilaya ? Quel honneur…" Le shadowknight eut un geste moqueur vers Qaddar. "Il s'est évanoui, l'émotion sans doute…" Uenaelar s'était un peu reculé. L'ennemi qu'il avait à présent devant lui était d'une autre trempe que cet avorton de Qaddar. Il n'avait pas eu le temps de récupérer la totalité de sa puissance magique, et son toucher mortel ne se régénèrerait pas avant plusieurs heures. Il décida de gagner un peu de temps. "Ce combat n'est pas le votre Dame Serilaya. Nos troupes sont en train de quitter Faydark, et je vous suggère de regagner Felwithe au plus vite avec votre… Aide de camp ?" Serilaya ne lâchait pas le regard du shadowknight. Elle avait souvent entendu parler d'Uenaelar. Elle savait qu'il était un seigneur de la tombe, un des élus d'Innoruuk, comme l'attestaient ses yeux de couleur rouge sang. L'adversaire qui se trouvait devant elle était redoutable… "Je ne souhaite pas vous combattre Dame Serilaya. Quel besoin aurions-nous d'ajouter une victime de plus dans cette guerre ? Partez rejoindre vos amis, un affrontement entre nous ne serait que pure vanité." Serilaya était troublée par les paroles de l'elfe noir. "Sommes-nous si différents ? Nous respectons les mêmes valeurs, l'honneur, le respect de l'ennemi, le sens du devoir. Nous sommes des chevaliers, Serilaya, nous servons fidèlement notre dieu." "J'ai fait un rêve étrange, Sir. Vous étiez…" "Vos rêves ne m'intéressent pas Dame Seri, regardez autour de vous ! Ceci est mon rêve, cette forêt détruite, Kelethin en cendres. Vous êtes dans mon rêve !" "Etrange rêve en vérité. Voilà donc à quoi aspire le seigneur Uenaelar ? La destruction de quelques maisons d'elfes ? La mort de milliers d'innocents ? Des femmes, des enfants ?" Uenaelar sentait le regard de Serilaya sur lui, un regard droit, dépourvu de haine. Qui était-elle pour le juger ? Que pouvait-elle comprendre ? Il sentit la colère monter en lui… "Je n'ai que faire de vos reproches ! Vous pensez que j'ignore ce qu'est la souffrance ? Depuis des années, je vis dans la souffrance, elle me porte, j'en ai fait ma force, ma puissance ! Ces elfes des bois méritaient leur sort ! Regardez-moi Serilaya, je suis tel qu'ils m'ont créé, ce sont les elfes des bois qui ont fait de moi un shadowknight. Ils ont mis la haine et la souffrance en moi, qu'ils soient mille fois maudits pour ça !" L'elfe noir avait presque crié sa dernière phrase. Serilaya commença à reculer en abaissant son épée. Elle aurait aimé affronter Uenaelar en duel, mais elle ne pouvait ignorer les ordres d'Erollisi Marr qui la rappelait dans Felwithe… "Vous avez raison seigneur Uenaelar, ce combat n'est pas le mien. Vous avez vaincu les elfes des bois, mais il vous reste encore un ennemi à vaincre. Bonne chance dans ce combat contre vous-même. Puissiez-vous trouver un jour le repos, je le souhaite de toute mon âme." Uenaelar regarda Serilaya repartir dans la forêt en emmenant Qaddar. Il resta de longues minutes immobile, perdu dans ses pensées, puis il se retourna pour quitter la clairière. C'est alors qu'il aperçu la jeune elfe des bois…   errorisée par l'attaque des dragons, Livia avait fui Kelethin en emportant son arc et le carquois de Perlu. Elle avait couru droit devant elle, le plus loin possible. Au bout d'une heure, épuisée, elle arriva devant une petite clairière. Elle s'adossa à un arbre, laissant les larmes inonder son visage. Elle revoyait les dragons fondant sur sa cité, ses amis disparaissant dans les flammes, son père sans doute mort lui aussi, Kelethin détruite…
Soudain, une terreur sans nom la fit se recroqueviller au pied de l'arbre alors qu'un immense dragon noir se posait dans la clairière. Dissimulée par les buissons, elle vit un chevalier descendre du monstre. Elle n'aurait su dire qui de la bête ou de l'elfe noir lui inspirait le plus de peur. Clouée par la terreur, elle vit le chevalier noir renvoyer le dragon en direction de Kelethin, elle l'entendit murmurer quelque chose et éclater d'un rire qui hanterait ses cauchemars pour longtemps. C'est alors que l'autre chevalier arriva. Livia connaissait le nouvel arrivant, un paladin nommé Qaddar qu'elle avait déjà vu aux cotés de son oncle Jonili. Comme hypnotisée, elle assista au duel entre les deux chevaliers. Elle failli hurler quand Qaddar fut désarmé par son adversaire et projeté en arrière, tel un pantin désarticulé. Alors que l'elfe noir portait le coup de grâce, sa hache fut déviée par un éclair lumineux ! Les yeux ébahis, Livia cru pendant une seconde qu'un ange était intervenu pour sauver Qaddar. La femme qui se tenait à présent dans la clairière était si belle… La conversation qui suivit permit à Livia de découvrir le nom de l'elfe noir. Uenaelar ! Elle avait souvent entendu son oncle en parler. C'était un des mignons d'Innoruuk, un être perverti par un dieu cruel et sans pitié. Livia n'avait jamais très bien compris la teneur des liens qui unissaient Jonili et le shadowknight, mais elle refusait de croire qu'il pu y avoir le moindre soupçon d'amour ou de compassion dans l'être maléfique qui se trouvait devant elle. Il était évident pour elle que la noble dame allait en finir avec l'elfe noir. Son combat contre Qaddar l'avait affaibli et il fallait en profiter. C'est pourquoi elle fut atterrée quand elle vit celle-ci baisser son épée et disparaître dans la forêt… Non ! Cet être immonde venait de détruire Kelethin, Faydark était en feu et il allait repartir comme ça ? Non, c'était impossible. Livia prit une flèche dans le carquois de son père et sortit doucement des buissons. Elle encochât la flèche et visa le dos du Shadowknight… Jonili courait depuis plus d'une heure vers Felwithe. Son chant le rendait invisible et lui avait permis de passer entre les lignes ennemies. Plusieurs fois, il avait pris le risque de changer de chant pour détecter la direction prise par Livia. Le barde savait que ce n'était qu'une question de temps avant que la jeune elfe ne soit découverte par les elfes noirs, ou pire… Il S'arrêta net en pénétrant dans la clairière. Livia et Uenaelar se faisaient face ! La jeune elfe visait le shadowknight avec son arc. Uenaelar se contentait d'observer Livia. Jonili connaissait parfaitement les techniques de combat du chevalier. Son apparente désinvolture n'était qu'un leurre. Si Livia décochait cette flèche, elle mourrait. Il cria… "Livia non !" Uenaelar ne connaissait pas la jeune elfe qui le tenait en joue avec son arc. Il estimait son âge à environ une cinquantaine d'années, c'était donc une enfant. Il ne risquait pas grand-chose face à un tel adversaire qu'il aurait pu tuer d'un simple sort, mais il retint son geste, se contentant de rester sur ses gardes. Une enfant… La fille de Nolénia aurait eu le même âge si… Pentésiléas… Les paroles de Serilaya lui revinrent… "Des femmes, des enfants"… Uenaelar décida de laisser vivre l'enfant, il était en proie à une émotion oubliée depuis si longtemps. Il fixa les yeux verts de l'elfe et esquissa un sourire. "Livia non !" Uenaelar tourna la tête vers Jonili… Livia tenait en joue le meurtrier de son père, celui qui était responsable de cette guerre. Elle était décidée à l'abattre comme un chien, mais au moment ou elle s'apprêtait à tirer, l'elfe noir se retourna. Le regard pourpre du shadowknight la figea sur place, comme si une chape de velium lui enserrait le corps. Elle s'était attendue à voir un monstre au regard haineux et voilà qu'elle se trouvait devant un chevalier empreint d'une grande noblesse. En une seconde, elle comprit pourquoi son oncle avait passé des années à combattre aux cotés d'Uenaelar. Quand l'elfe noir lui sourit, elle su qu'elle ne pourrait pas le tuer. "Livia non !" Le cri de Jonili la fit sursauter, la corde de l'arc lui échappa… La flèche à l'empennage noir pulvérisa la hampe de la Windblade et se ficha dans le cœur d'Uenaelar. L'elfe noir fut projeté en arrière par la force de l'impact, il s'effondra sur le sol. Jonili avait vu partir la flèche noire. A sa grande surprise, celle-ci avait semblé prendre de la vitesse avant de percuter le shadowknight. Il se précipita vers Uenaelar. Livia avait lâché son arc. Elle regardait sans comprendre la flèche plantée dans le torse de l'elfe noir. Celui-ci était encore vivant, il tentait sans succès d'enlever le projectile. Uenaelar luttait pour arracher la flèche de son corps, mais celle-ci semblait avoir une vie propre. Pire, il ressentait quelque chose l'envahir lentement. Il cessa de lutter… Jonili se mit à genoux et souleva doucement la tête de son ami. La douleur déformait ses traits alors que la flèche s'enfonçait doucement en lui. Uenaelar agrippa le bras du barde… "Mon ami, je crois que Bruenorr ne pourra rien faire pour moi cette fois-ci." L'elfe noir eut un hoquet de douleur alors qu'il riait… "Le grand Uenaelar tué par une enfant elfe des bois, quelle dérision !" Jonili restait silencieux. Il avait souvent souhaité la mort du chevalier de l'ombre, mais c'était un ami qui était en train de mourir dans ses bras. Les larmes coulèrent sur ses joues… "Ne pleure pas le barde, tu as déjà fait assez pleuvoir dans ta vie." Uenaelar regarda Livia qui s'était approchée lentement. "Joli tir jeune fille, mais tu as cassé ma belle hache." La flèche était à présent entièrement rentrée dans Uenaelar. Le shadowknight eut un spasme de douleur alors qu'il sentait la vie entrer en lui. Son cœur immobile depuis longtemps se remit à battre, puis il mourut. Jonili referma les paupières de l'elfe noir sur ses yeux redevenus verts, puis il souleva le corps de son ami dans ses bras. Alors qu'elle quittait la clairière pour suivre Jonili, Livia se pencha pour ramasser un objet tombé à terre. C'était un petit collier de pierres bleues… On a souvent dit qu'en mourant, on revoit toute sa vie en une seule petite seconde, avant d'être attiré par un grand tunnel lumineux. Uen n'y a jamais cru, la mort c'est l'oubli… |
